Huayna Potosi : une Princesse perchée à 6000

Comme vous le réclamez à corps et à cris (telle Jeanne j’entends des voix) le voilà, le voici : le résumé heure par heure de mon ascension du Huayna Potosi (oui je tente l’introduction en vers).

8h20 – Arrivée la prem’s à l’agence ! (Comment ça, tout n’est pas sujet à challenge/compétition/dépassement de soi ?!)

9hAucun membre de la « team 3 jours » n’est au rendez-vous (« Alors les gus on s’est dégonflé ?… »). La team 2 jours, quant à elle, est au complet : 2 Allemands et François le Français.

9h15 – Sexy François et votre aventurière sont comme chaussures et crampons : inséparables.

9h30 – Départ en minibus. Théo (le guide) me propose de tenter l’ascension en 2 jours avec François-Le-Magnifique comme compagnon de cordée. Sinon je peux passer 3 jours, seule avec un guide à pratiquer aussi bien l’espagnol que le planter de piolet. À la surprise générale je choisis l’option 1.

12h04 – Arrivée au « refuge du bas. » Une assiette de riz-ketchup-mayo-poulet nous attend.

13h02 – Départ (à patounes cette fois) pour le Camp de base. Mon sac, chargé de mon équipement, est quasi aussi lourd que moi (ce qui n’est pas peu dire je vous prie de me croire) mais je ne pipe mot… Pas envie de passer pour une pâquerette au milieu de mon groupe de gros durs.

14h08 – Première pause. Mes costauds font moins les fièros et moi je gambade (on m’avait tellement dit que cette montée était insoutenable que je la trouve plutôt oki doki).

15h07Arrivée au Camp de base. Sont déjà présents quelques alpinistes chevronnés « Ouai, là tu vois, mon pouls à 5000, est à 49 au repos, c’est pas trop mal ». 😱 J’envisage de redescendre immédiatement par le même chemin.

16h25 – Tea time. Les alpinistes susmentionnés persévèrent « On en est à notre 5ème sommet en 2 semaines, on espère en faire un 6ème avant dimanche ». #QuEstCeQueJeFabriqueIci

18h02 – Dîner. Je suis une chouille nerveuse. J’avale mon assiette (plus celle de François). L’appréhension lui coupe l’appétit… moi pas. Réflexion de l’intéressé « J’en connais une qui laissait pas sa part à la cantine », je ne peux nier.

18h36Couchée. Les alpinistes dorment comme des biens heureux. Moi j’ai : envie de faire pipi, aucunement sommeil, compté et recompté les « minutes de dodo » qu’il reste avant le lever…

19h30 – Eddy de Pretto me susurre à l’oreille qu’il a « Le cœur random-dom-dom », le mien cogne à 200… « Je suis une bande d’alpinistes à moi toute seule… » 🎤 (Sur l’air de la chanson de Renaud qui va bien).

20h48 – J’ai toujours envie de faire pipi, il fait toujours -3C dehors, je n’ai toujours pas sommeil. Je m’auto coach en vue de l’ascension  » tu peux le faire, t’es Princesse Paillettes/la nouvelle Lara Croft/l’Aventurière chérie de ta maman, il suffit de mettre un crampon devant l’autre, blabliblou… ».

21h52 – J’ai dû fermer l’œil, une heure est passée… Mierda, plus que 2h30 de « sommeil » (aka recensement des morts atroces violentes et potentielles en montagne).

23h30 – Mon voisin du dessus ronfle de manière convaincante (et provocante)…

00h10 – Zzzzzzzzzz

00h29 – Le réveil de François sonne… Serait-ce un requiem ? 😱

00h43 – Incapable d’enfiler mon harnais, Théo m’habille… Crédibilité level -34…

01h05 – J’avale un bol de Ricoré bolivienne/chocolat (tant qu’à vivre d’expériences inédites…) et des tartines de dulce de leche (dernier repas de la condamnée…).

01h17 – Apparemment le port du bonnet à pompon sous le casque est déconseillé (disons voir qu’il lui confère un aspect…. penché). #Novice

01h26 – Je suis harnachée, j’ai de nouveau envie de faire pipi…

01h42 – On se met en route. Théo, en tête, me tient attachée serrée (merci de ne pas sortir cette phrase de son contexte). On est tellement collé que l’exercice relève plus de la Bachata que de l’alpinisme. J’accorde un peu plus de liberté cordesque à François qui gambade de-ci de-là #PetitPoneyRandonnéeMagique

01h58 – J’ecrase une larmichette devant la ribambelle de petites lucioles que sont nos lampes frontales ascendantes, parfaites réponses à leurs sisters célestes. (C’est bon vous pouvez reprendre la lecture, le paragraphe poésie est fini).

02h14 – Telle Cendrillon je perds un crampon. Mon prince charmant Théo me rechausse.

02h45 – 1ere pause… J’engloutis une demie tablette de choc. François refuse poliment, il a le teint légèrement verdâtre.

03h02 – C’est reparti : crampon droit, crampon gauche, piolet, micro pause, repeat… Mon cerveau est passé en pilote automatique.

03h22 – Cinderella le come back : je perds mon 2ème crampon…

03h34 – 2ème pause. Théo nous informe, jouasse, qu’il ne reste « que » 1h30 d’ascension. Le regard désespéré de François n’a d’égal que le mien (et celui des deux Allemands qui pausent avec nous). Pour me donner du courage je termine la tablette.

03h41 – Crampon droit, crampon gauche, piolet, pause de 2 secondes….

04h12 – Crampon droit, crampon gauche, piolet, pause de 22 secondes….

04h43 – Crampon droit, crampon gauche, piolet, pause de 222 secondes….

05h01 – Arrivée à 6000. Je me marre « discrètement » (ouarf, ouarf, ouarf…. 😂) devant ces petites natures pâlottes qui ne supportent pas l’altitude.

05h20 – On entame les 50 derniers mètres : un chemin de crête avec de chaque côté une paroi de glace qui dévale sur des centaines de mètres. Tétanisée je bloque le reste de l’équipée #RirabienQuiRiraLaDernière

05h21 : Théo tire sur la corde. Telle Caramel au Jardin d’Acclimatation je suis obligée de mettre un sabot devant l’autre pour ne pas me casser la binette.

05h22 : J’avance sous les « Como estas ? Estas bien ? No estas bien ? Estas muy bien ? » incessants de Théo et les « Silencio » mi-rigolards mi-exaspérés des autres guides… Soûlée de paroles je n’ai plus d’espace cérébral disponible pour paniquer.

05h45 : Le postérieur dans la neige on guette le lever du soleil. Un check à François, un check à Théo, un selfie, une minute d’émotion à l’apparition de l’astre solaire et on est reparti, miches et orteils frigorifiés.

07h56 – Retour au refuge les cuisses en compotée. De fierté (je l’ai fait !!!), j’avale mon 2ème petit dej #InDulceDeLecheWeTrust

En chemin vers La Paz je me demande dans quelle nouvelle expédition bolivienne je vais bien pouvoir me lancer… Ce sera Sorata, son glacier et ses nuits gelées ! 3 jours en autonomie avec tente ⛺️, noodles 🍝 et absence de douche 🚿 … J’ai hâte !

Une réflexion sur “Huayna Potosi : une Princesse perchée à 6000

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s