Dans ma « to do list » d’avant les 30 ans (oui, je fais partie de ces gens…) figure en bonne place : « faire un baptême de parapente ».
La date fatidique approchant (ainsi que la fin de mon périple colombien), je décidai de m’attaquer à ma peur du vide et réservai un vol au-dessus du Canyon de Chicamocha.
Résumé minute par minute d’un grand saut vers l’inconnu (et dans le vide…) :
8h30 : Départ de l’hostel après avoir vaguement avalé 3 cuillères de muesli. J’ai comme qui dirait la nausée… (Scoop : on a enfin trouvé ce qui pouvait me couper l’appétit !!).
9h00 : Paperasse à l’agence. Si je n’en reviens pas, je cède ma collec de chaussettes à paillettes à la Sis, mon matos de bivouac au Bro et mes journaux intimes (l’intégralité des volumes depuis mes 6 ans) à la cheminée…
09h12 : Je fais la connaissance de mes potos de saut. Nous sommes 7, tous absolument et résolument novices (et terrifiés).
09h34 : Départ en carrosse. La team est étrangement silencieuse. Même votre serviteuse, qui figure pourtant au Guinness Book Records à la page « Marathon de la parole », se tient coite.
10h28 : Arrivée sur zone. La piste de décollage/atterrissage est bordée de falaises… Je tente (en toute discrétion) la fuite.
10h42 : Réunion de chantier. Super mono nous informe qu’il y a une piste d’atterrissage officielle (ainsi que 3 qualifiées d’« au cas où… » aux alentours). Rassurés nous sommes…
10h53 : Grand chef à plumes nous apprend également que l’on sautera par ordre de poids (une sombre histoire de brise thermique qui forcit dans la matinée ou un truc dans cet acabit). Votre aventurière et son gabarit de Schtroumpf sont donc sommés de s’équiper pas plus tard qu’immédiatement… Ligotée à mon instructeur j’essaie de faire bonne figure (= ne pas lui vomir dessus).
10h58 : « Quand je te dis « cours », tu cours vers la falaise sans t’arrêter… Cours ! » me somme icelui. Telle la chamoise décérébrée je m’élance vers le vide avant que ma caboche ne processe l’absurdité de l’info !
10h59 : Un pas. Deux pas. Telle Peter « je m’envole, je m’envole, je m’envole… ». (Celles et ceux qui n’auront pas immédiatement reconnu ce vibrant hommage à Peter Pan, révisez donc vos classiques, bande d’incultes !). Je m’aperçois que je ne chante pas que « dans ma cabeza »… Oupsi.
11h01 : Une voix sur ma nuque (non il ne s’agit pas de Voldemort) m’intime l’ordre de poser mon postérieur sur le siège prévu à cet effet et d’ouvrir grand les mirettes. C’est parti pour une visite guidée du Canyon. Madre mia, que c’est beau… Je ne regrette pas d’avoir choisi ce spot comme ultime vue/vision (« Tais-toi cerveau, tais-toi ! »).
11h05 : Truc de fifou je me rends compte que, là maintenant tout de suite, je n’ai ni vertige ni peur panique du vide…
11h08 : Mon moniteur me conseille de lâcher les mains et de faire l’oiseau, (comme dans The Notebook…). J’ai l’impression de voler.
11h12 : Mister pilote tente de nous faire prendre de la hauteur. Sur le principe je ne suis pas contre mais mes mimines retrouvent immédiatement (et prudemment) les poignées. Fini le colibri !
11h19 : « Tout le monde est tout petit, tout le monde est tout petit… ». Référence à Senior Walt D. number 2 (le baptême de parapente en fait c’était pour mes 10 ans…).
11h22 : Herr Monitor en a sa claque de m’entendre pousser la chansonnette et amorce la décente. Pour être certain que je ferme mon clapet, il me gratifie d’une version « sensations fortes » de la chose à savoir une sorte de descente en tourbillon. Je n’arrive pas bien à savoir qui de la terreur ou de la jouissance l’emporte…
11h28 : 1ère tentative d’atterrissage.
11h32 : 2ème tentative d’atterrissage.
11h35 : 3ème tentative d’atterrissage. C’est pas comme si je bloquais la piste…
11h38 : 4ème tentative et atterrissage en douceur (Ryan Gosling s’effondre avec beaucoup de délicatesse sur ma personne…). C’est le désavantage du format Minimoy : tu te fais balader de-ci de-là quand tu regagnes la terre ferme par météo venteuse…
11h43 : Encore ! Encore ! La vie est vraiment trop chouette vue d’en haut…
Pour celles et ceux que les infos pratiques passionnent (ou qui souhaiteraient juste vérifier si la magie du « j’ai plus peur du vide » fonctionne également sur eux) voici ce que je peux vous dire :
- J’ai réservé mon baptême de parapente via mon hostel (Traveler Hostel San Gil – meilleurs hostel de tous les temps soit dit en passant) qui ne prend pas de commission : 180 000 pesos colombiens (soit pile poile 50 euros) pour 30 minutes de vol.
- L’agence s’appelle Parapente Chicamocha, ils ont un bureau à San Gil et n’ont que des avis très très favorables (et en très grande quantité !). Ils sont vraiment super pro !